Chris Froome n’a pas retenu toutes les ascensions qu’il a effectuées dans les courses par étapes, mais Manzaneda reste gravée dans sa mémoire pour toujours. Nous l’avons appelé au téléphone à la veille du retour de La Vuelta dans la station de ski de Galice, treize ans après qu’il ait atteint ce sommet en portant le maillot rouge de leader de l’épreuve. Lors de l’étape précédente, un contre-la-montre de 47 km à Salamanque remporté par Tony Martin, il était passé de la 14e place au classement général à la tête de la course. Une prouesse inattendue de la part d’un concurrent appelé en dernière minute par Sky Procycling en remplacement du Norvégien Lars Petter Nordhaug, et ce d’autant que l’équipe britannique avait commencé La Vuelta 2011 en vingtième position sur vingt-deux lors du premier contre-la-montre par équipes à Benidorm !
« Je me souviens parfaitement de mon premier jour en maillot rouge et en tête d’un Grand Tour, a déclaré Froome. Manzaneda est une ascension difficile ! Elle monte en plusieurs paliers. La vitesse diminue à chaque fois qu’on bute sur une partie raide, puis on trouve un replat et ça redevient raide. Je me rappelle que la majeure partie de la côte est assez roulante et que nous formions encore un gros peloton, mais il a explosé dans les deux ou trois derniers kilomètres quand c’est redevenu plus raide. »
La Vuelta 2011 a connu plusieurs leaders au cours des neuf premières étapes : Jakob Fuglsang, Daniele Bennati, Pablo Lastras, Sylvain Chavanel, Joaquim “Purito” Rodriguez et Bauke Mollema. De nombreux observateurs ont appris à connaître Chris Froome comme le grimpeur longiligne appliqué à rouler en tête du peloton principal en parfait gregario de Bradley Wiggins qui lui a succédé en tête du classement général à Manzaneda.
« On m’avait demandé de faire un travail d’équipier, se souvient Froome, alors j’ai étiré le peloton autant que je pouvais pendant environ 10 km jusqu’à 2 km de l’arrivée, quand la course m'a échappé. Et j’ai passé le maillot à Bradley comme prévu ». La victoire d’étape était revenue à David Moncoutié, membre de l’échappée du jour, et Sky Procycling a par la suite modifié ses plans pour finalement confier le leadership à Chris Froome en troisième semaine.
« J’ai connu des moments plus brillants pendant cette Vuelta, poursuit Froome, à Peña Cabarga par exemple. À Manzaneda, j’avais tellement travaillé en tête de peloton que je n’ai pas pu être là dans le final. Mais c’est sans aucun doute un jour qui a marqué ma carrière. J’ai le maillot rouge quelque part, je ne l’ai pas encore accroché à un mur, mais je le ferai un jour. »
Il est intéressant de noter que la 11e étape entre Verin et Manzaneda est la seule qu’il ait courue en rouge jusqu’à ce qu’il reprenne le maillot pour dix-neuf jours lors de La Vuelta 17, jusqu’à l’arrivée à Madrid. Il a été un acteur majeur de l’épreuve les huit fois où il a participé au Grand Tour espagnol et a été déclaré vainqueur de La Vuelta 11 après la disqualification de Juanjo Cobo, ce qui constitue la première de ses sept victoires en Grand Tour.
Toujours coureur, à 39 ans, pour Israel-Premier Tech, Chris Froome a participé à la récente Arctic Race of Norway. Il regarde La Vuelta 24 quand il n’est pas occupé à s’entraîner pour la fin de la saison. « Je pense que les deux derniers kilomètres de La Manzaneda seront décisifs, conclut-il. Si (Primoz) Roglic attaque au pied, il peut faire la différence. »
La 12e étape de La Vuelta 24 n’est que la deuxième dans l’histoire à se terminer à la Estación de Montana de Manzaneda, où s’est disputé en 2021 un contre-la-montre en côte de 7,3 km de la CERATIZIT Challenge by La Vuelta, remporté par Annemiek van Vleuten.